Théorie de la reproduction sociale


• Les reconfigurations du travail reproductif par le travail de plateforme

En 2021-2022, j’ai réalisé un post-doctorat dans le cadre de l’ANR « Collaborative Economy Platform Agents’ Status in the light of SOcial Citizenship » (CEPASSOC). Le projet, interdisciplinaire (droit, histoire et sociologie) et international (France, Royaume-Uni, Suède, Portugal, Espagne) porte sur la protection sociale des travailleurs de plateformes et les apports des théories de la citoyenneté sociale. Dans ce cadre, j’ai travaillé avec Claire Marzo (MIL, coordinatrice du projet) et Fanny Gallot (CRHEC) sur les travailleuses de plateforme.

Nous nous sommes intéressées tout particulièrement au reconfiguration du travail reproductif par le travail de plateforme. Si les secteurs masculins du travail de plateforme d’une part, et le travail reproductif rémunéré de l’autre, font l’objet de recherches croissantes, l’appréhension des effets du capitalisme de plateforme sur le travail reproductif est peu investiguée. À partir d’une enquête sur l’entreprise Wecasa, nous avons cherché à rendre compte de la façon dont le travail reproductif est remodelé par la plateforme avec un discours faisant la promotion d’un empowerment au féminin s’appuyant sur le principe néolibéral de « travailleur plus pour gagner plus ». Or, cet idéal de la femme auto-entrepreneuse émancipée, gérant elle-même sa vie comme son entreprise, vient se heurter à la réalité du statut et de ses contraintes quotidiennes : le travail de plateforme, loin de mettre fin à l’exploitation, ne fait alors qu’en changer les termes.