Universitaires

  • La consultation gynécologique, une instance paradoxale dans la socialisation des jeunes femmes à la sexualité

    Dans Terrains & travaux 2022/1 (N° 40), pages 21 à 42

    L’article interroge le rôle de la consultation gynécologique dans la socialisation des jeunes femmes à la sexualité en partant d’un apparent paradoxe : alors que la sexualité fait partie des compétences de la gynécologie médicale, il n’en est apparemment que peu question en consultation. Nous verrons que la sexualité est moins effacée que reconfigurée dans ce cadre. Ainsi, la consultation gynécologique socialise principalement à une vision médicale de la sexualité, qui doit être contraceptée et dont les conséquences potentielles (grossesses non prévues, infections sexuellement transmissibles [IST]) doivent être constamment prévenues et ponctuellement dépistées. Quand la sexualité est abordée plus directement par le biais de la sexologie, même si cela demeure minoritaire, le discours adopté par les professionnelles de santé obéit alors à des représentations profanes. Dans un cas comme dans l’autre, ce qui est marquant est que la sexualité est abordée par le biais de normes, mais qui ne sont pas de même nature – normes médicales et professionnelles dans le cas de la contraception et du dépistage, et normes profanes dans le cas de la sexologie. Mais quelle que soit leur nature, elles viennent en définitive renforcer les normes de genre et de sexualité dominantes dans la société.
  • L’auto-gynécologie : écoféminisme et intersectionnalité

    Dans Travail, genre et sociétés 2019/2 (n° 42), pages 109 à 126

    Nous proposons une étude monographique d’un réseau de praticiennes d’auto-gynécologie en région parisienne, composé de personnes âgées de 20 à 40 ans qui appartiennent à une nouvelle génération que l’on pourrait qualifier de féministe intersectionnelle. L’enjeu ici est de montrer comment des féministes intersectionnelles peuvent s’approprier les paradigmes écoféministes, tant dans le discours que les pratiques. Pour cette nouvelle génération, la pratique de l’auto-gynécologie n’est en fait pas aisée à revendiquer : centrée sur les organes génitaux féminins, elle peut donner à penser que « la femme » se définit en référence à l’anatomie et être accusée d’essentialisme par les féministes intersectionnelles qui ont précisément voulu pousser plus loin que dans les années 1970 l’entreprise de déconstruction du genre. Le cas de ce réseau d’auto-gynécologie qui parvient à articuler cette pratique avec un positionnement intersectionnel montre comment l’écoféminisme peut intégrer une forme de syncrétisme théorique et pratique, mêlant une relecture des mobilisations féministes pour la contraception et pour l’avortement, les apports de la théorie queer et du black feminism, une certaine vision de l’écologie et parfois un engagement anticapitaliste.
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