Genre et plateformes


En 2021-2022, j’ai réalisé un post-doctorat dans le cadre de l’ANR « Collaborative Economy Platform Agents’ Status in the light of SOcial Citizenship » (CEPASSOC). Le projet, interdisciplinaire (droit, histoire et sociologie) et international (France, Royaume-Uni, Suède, Portugal, Espagne) porte sur la protection sociale des travailleurs de plateformes et les apports des théories de la citoyenneté sociale. Dans ce cadre, j’ai travaillé avec Claire Marzo (MIL, coordinatrice du projet) et Fanny Gallot (CRHEC) sur les travailleuses de plateforme.

Nous nous sommes intéressées tout particulièrement à la façon dont ces plateformes mettent en scène et promeuvent une féminité active et basée sur l’entrepreneuriat de soi (Dujarier, 2019). En effet, par le micro-entrepreneuriat, les travailleuses de plateforme sont poussées non seulement à vendre un ou des services, mais aussi à effectuer la promotion de leur propre image sur la plateforme, qui est centrale dans la vente de ces services. Nous nous sommes ainsi posées les questions suivantes : dans quelle mesure les plateformes poussent-elles non seulement à une promotion de soi, mais à une promotion qui suit des normes de genre, que ce soit dans leur fonctionnement même (par exemple sur YouTube, afin d’avoir plus de vues), ou que ce soit par la présentation visuelle de la plateforme et par des formations qu’elles proposent à leurs « collaboratrices » (dans le cas des plateformes de service à la personne) ? Comment les travailleuses de plateforme répondent-elles à cette double injonction à devenir entrepreneuse d’elles-mêmes et à se mettre en scène selon des normes de la féminité qu’il s’agira de caractériser ? Quelles différences peuvent être observées en fonction de leur classe sociale ? Enfin, quels en sont les effets sur les usagères des plateformes ?

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